Retour sur le FIJ 2025

Les salons, c’est toujours un moment particulier. C’est le troisième qu’on couvre sous la bannière d’Antre Rolistes après le FIJ 2024 et OctoGônes la même année et chaque fois, le plaisir reste identique : c’est le moment des retrouvailles. Éparpillé aux quatre coins de la France, on ne se croise pas aussi souvent qu’on l’aimerait et les salons sont toujours une bonne excuse pour reforger la chaîne qui nous unit. Mais trêve de digressions, il est temps de parler particulièrement du FIJ 2025.

La nuit du off

Techniquement, il a commencé par la nuit du off alors que le salon n’était pas encore ouvert. Sous une tente se présentent moult tables ou derrière chacune se tient fier, droit comme un I, un auteur, un créateur, un game designer venu confronter son prototype au pire des jurys : la foule. Au centre de la pièce, pour arbitrer les débats et permettre de briser la glace, on nous offre à boire dans de grands verres en plastique et on repart avec un paquet de biscuits apéro et nos parts de pizza en quête du nouveau Gloomhaven. Le premier jeu qui attirera notre attention est un jeu de collecte de ressources dans l’espace ou on pousse notre vaisseau du bout du doigt sur une carte du système solaire en néoprène afin de miner des astéroïdes. Une pichenette trop forte me fera perdre la partie, mais l’histoire retiendra que pour une fois Zasshem n’a rien fait cramer. Ne me demandez pas le nom du jeu, il est inscrit dans une partie de mon cerveau qui n’est plus accessible. Errant entre les tables de jeu et entre les prototypes allant du plus abouti au bout de cartons vaguement décorés, pour digérer cette défaite injuste, mon œil fut attiré par des illustrations en noir et blanc de créatures dignes d’un donjon crawler des années 80. De loin, ce prototype me rappelle fortement un de mes jeux coups de cœur de ces dernières années, l’excellent Dark Castle. L’auteur est en compagnie de l’illustrateur et nous leur proposons nos biscuits Belin afin de tester leur bébé. Il s’agissait d’un donjon crawler ou les joueurs posent eux-mêmes les parties d’un manoir grâce à des cartes avec pour objectifs communs de rejoindre la carte centrale pour faire tomber le boss. Très fun, bourré de mécanique sympa, le jeu qui pour l’instant se nomme « Manoir » est plein de promesses et nous en reparlerons si jamais il venait à sortir un jour.

DnD, où es-tu ?

Le premier jour est toujours le plus difficile et en même temps le plus excitant. On découvre ce qu’il y a sur place, les différents stands, on recroise les éditeurs, les auteurs, c’est toujours un énorme plaisir même si c’est généralement la journée ou nous travaillons le plus, enchaînement interview sur interview. Mais ce FIJ 2025 était particulier. L’annonce il y a quelque temps de la sortie du nouveau Donjons et Dragons en France pour le mois de mars et l’annonce sur les plans d’un stand immense tenu par Wizard of the Coast spécifiquement sur la partie jeu de rôle du salon nous avait fait espérer pouvoir observer, voire repartir avec le sésame. Tigurius et moi, ne voyant aucune affiche la veille aux alentours du salon, commencions à être assez peu optimistes sur la présence du père des jdrs sur le salon. Zasshem quant à lui, plongé dans le déni, était persuadé qu’il serait présent. Après 1 km de queue extrêmement rapide grâce aux nouveaux protocoles de sécurité du salon, nous avons suivi notre Zasshem qui courrait tel un enfant devant l’entrée de Disneyland en direction de la section jeu de rôle. La déception et l’amertume furent réelles en voyant un stand proposant de jouer à Hero Quest et à Magic. La matinée fut triste et heureusement qu’une belle interview des 12 singes a permis de remonter le moral à celui qu’on considère un peu comme l’enfant de l’équipe. Quoi qu’il en soit, le salon prenait vie et le plaisir de recroiser les XII singes, Tricky Tophes du studio Deadcrows, Gilles de Monolith, Stéphane d’Edge, échanger un peu off, faire les interviews est un réel plaisir. Des personnes en train de bosser sur un salon, qui nous reconnaissent, qui nous accordent leur temps et sont contentes de nous voir, et bien, je peux vous dire que ça remotive, ça rebooste tout le monde. Heureusement, car après quelques minutes, la première déception tombe…

Trouver Objet Caché

Pour comprendre, il faut savoir connaître un peu le festival. Le palais est sur plusieurs étages. Cette année, les jeux de cartes, les TCG comme les appellent les copains des Cartes sur tables, sont à l’extérieur, sous des tentes. Lorsque l’on pénètre dans le salon, on passe donc forcément devant ces tentes toutes décorées et illustrées aux couleurs de Star Wars, Altered, Pokémon ou du petit dernier One Piece qui abordait même une barre de navire. Mais la partie jeu de rôle quant à elle, se trouve au dernier étage, sans aucun panneau l’indiquant. Autant dire qu’à moins de vouloir prendre le seul et unique escalator qui y mène ou de se perdre sur le salon, il n’y a aucune chance d’arriver sur place. Et cela fait quelques années que cela dure. Si bien qu’au fil du temps, telle une plante mal arrosée, la partie jdr du salon se fane et se réduit à peau de chagrin.

Nous nous sommes donc vite rendu compte qu’après l’effervescence du dernier OctoGones, ce FIJ serait beaucoup plus calme au niveau du rythme tant peu d’éditeurs ou d’artisans étaient présents. Alors oui, il y a Edge, dont le stand n’est pas dans la section jeu de rôle, mais du côté du jeu de plateau donc très mis en lumière et sur la section jdr en elle-même, sont quand même présent Arkhane Asylum, les XII singes, Studio Deadcrows, Monolith et Odanata, mais pour un festival brassant autant de personnes, le jeu de rôle est vraiment la cinquième roue du bulldozer. Et ce n’est pas anodin si un des éditeurs, et pas des moindres, nous a dit en off que cela serait leur dernière année sur le festival et qu’ils viendraient uniquement pour la partie professionnelle sur le prochain salon sans installer de stand.

Nous avons d’ailleurs croisé Tony de Black Book Édition qui venait également uniquement pour l’aspect pro, BBE n’ayant plus de stand depuis un moment au FIJ. Quand on sait qu’un stand peut coûter jusqu’à 5000 € et que les gros éditeurs ont fait 200 € de vente le premier jour, on comprend forcément leur agacement.

Sea, JDR and Sun

Malgré cela ; le FIJ reste un salon extrêmement agréable les premiers jours puisque seules la presse et les pros sont présents. Un moment privilégié où le salon nous appartient et où le soleil de Cannes inonde de sa chaleur bienveillante le grenier dans lequel se place le jeu de rôle. Une terrasse aménagée à l’extérieur avec des food trucks, des transats et la vue sur la mer… Il n’y a pas beaucoup mieux pour déguster ses ramens ou son sandwich raclette à 11 euros. Finalementl, comme le travail n’était pas non plus colossal sur le salon, nous avons pu corriger un regret d’OctoGônes : on a pris le temps de jouer. On a pu tester tourner un actual play avec un meneur fourni par Edge sur un scénario préquel à la boîte d’initiation de Star Wars l’ère de la rébellion. Marc, personne charmante à l’accent chantant nous lance dans une livraison d’armes à une base rebelle pour une partie « tranquille » devant « durer une heure grand max » selon ses dires. Autant vous dire que deux heures après quand Zasshem était en train de faire péter tout ce qu’il trouvait, qu’on rackettait un marchand, qu’on se déguisait en Stormtrooper ou que Navet échouait à détruire Tie Fighter, le tout en riant aux larmes, il nous manquait juste une bière et des chips pour être comme à la maison. J’ai également pu faire une partie d’Hero Quest ou Nico s’est pris pour un MJ possédé, ajoutant des créatures, des mécaniques et du hasard dans un jeu beaucoup trop carré, sur un stand où notre RP, nos rires et nos cris ont poussé des visiteurs à nous demander si nous étions animateurs du stand. Bref… Des barres de rire et des souvenirs plein la tête. Mention spéciale également au très chouette Fateforge que l’on présentera sûrement sur la chaîne ; à ma fabuleuse et écrasante victoire sur Heat, un de mes jeux préférés ou à nos fous rires sur Sifflard chez les copains d’Arkada Studio avec Ted Etienne qui nous avait déjà fait jouer en octobre.

Les copains d’abord

Bref, il nous manquait juste un Dandy pour que cette histoire soit complète, mais nous avons pu lui rendre hommage en allant manger chez un des meilleurs (le meilleur selon lui) glaciers de France qu’il m’avait fait découvrir un an plus tôt quand je n’étais encore qu’un minot d’Antre Rolistes découvrant le salon. Non. N’insistez pas, je ne vous dirais pas où c’est. Les bons glaciers, c’est comme les coins à champignon, ça ne se partage qu’en famille. Vous l’aurez compris, nous n’avons peut-être pas vraiment pu voir autant de jeu de rôle qu’espéré, mais le salon a été un moment des plus agréables, intéressants, et par moment passionnant qu’il m’ait été donné de faire, avec de belles surprises comme cette expo où nous avons pu avoir le meilleur guide du monde en la présence de Didier Guiserix, qui a réussi à nous faire voyager dans le temps des années 70 à nos jours. Et c’est donc le cœur un peu lourd, mais la tête pleine de souvenirs que j’ai repris la route pour rentrer, laissant définitivement une partie de moi sur place… Littéralement… Mon manteau étant toujours gentiment posé sur le canapé de l’appartement que nous avions loué.