Un Chef-d’œuvre… Creux ?
Pour ceux qui suivent un peu la chaîne Antreroliste, le kit de démarrage de Blade Runner était pour moi une des meilleures, si ce n’est la meilleure boite sortie pour débuter dans un univers. Complète, avec un travail assez dingue de la part d’Arkhane Asylum Publishing sur le rendu et la qualité des aides de jeu et de la carte. Mais c’était surtout le scénario qui m’avait marqué. Fin, précis et plutôt intelligent pour un kit de démarrage, il permettait aux joueurs de plonger dans l’univers à travers une enquête sombre et à des choix importants. C’était vraiment du tout bon. Autant dire que j’attendais ce livre de base avec impatience pour pouvoir me replonger dans l’univers dystopique en attendant la deuxième boite de scénario prévu pour 2025.
Premières impressions : c’est beau, mais…
Avant de parler contenu, parlons du look. Ce livre, c’est du Free League pur jus. Les illustrations sont dingues, l’ambiance visuelle claque et la mise en page est super agréable à lire. Les illustrations sont vraiment magnifiques et évocatrices. Bref, niveau maquette, c’est excellent, c’est aéré, clair, propre.
Un peu trop aéré ? Nous y reviendrons.


Pour comparer, j’ai ressorti deux autres bouquins de la collection Free League : le supplément de règles du kit de démarrage (80 pages) et le livre de base d’Alien (un pavé). Là, on est sur 230 pages. Et clairement, il manque quelque chose. On survole. Beaucoup. Trop.
En réalité, si l’on retire le contenu du kit de démarrage à ce livre de base, il ne reste malheureusement pas grand-chose. Une création de personnages, quelques éléments de l’univers mais trop survolés et concis pour être réellement exploités… On a une grande impression de vide devant cet ouvrage qui semble ne pas savoir où aller, ou ne pas pouvoir aller où il veut.
Le système de jeu : V2 ou nouveau système ?
Si vous avez joué au kit de démarrage, pas de surprise, on retrouve le système Year Zero Engine V2. Alors, on l’appelle V2 car il est considéré comme faisant partie du Year Zero Engine, mais en réalité, il n’a plus grand-chose à voir. Fini les brouettes de dés 6 et place à des niveaux de dés. Même si la philosophie du système n’est plus la même, il faut être juste, il fonctionne très bien et est plutôt fluide.
On retrouve en revanche le système de carte pour l’initiative ainsi que le système de poursuite à base de cartes aléatoires déjà mis en place dans le kit de démarrage. Je trouve ce système vraiment efficace et ludique pour simuler des courses poursuites pleines d’aléatoires et de micro évènements. C’est une partie assez importante de l’univers et c’est intéressant que Free League ait mis l’accent pour développer un système spécifique pour ça. En revanche, on se retrouve cette fois-ci, non pas avec des cartes, format oblige, mais avec des tables aléatoires. Beaucoup moins ludique du coup. Surtout que pour l’instant, le deck de cartes n’est pas disponible à la vente. Si vous le voulez, il faut acheter le kit de démarrage (je vous ai dit à quel point il est exceptionnel ?) mais si vous achetez ce kit, soyons clair… cet ouvrage devient très très superflu. N’offrant que très peu de choses nouvelles.

Le lore : fort sur la forme mais tape dans le fond ?
Et là, on arrive au point qui fait mal. Le lore. C’est Blade Runner, quoi. On attend de la profondeur, des détails sur Los Angeles, des intrigues autour des réplicants, des corporations, des médias. Mais ce qu’on a ici, c’est du survol. Quelques lignes sur la politique, un paragraphe sur la religion, deux pages sur les quartiers… et c’est tout.
Los Angeles est décrite en surface, mais on n’entre jamais dans les détails. C’est frustrant parce que l’univers est là, on sent qu’il y a un potentiel énorme, mais il n’est pas exploité. C’est beau, mais creux. Si vous êtes MJ et que vous aimez improviser, ça peut passer. Mais pour les MJ débutants ou ceux qui cherchent des bases solides, c’est clairement insuffisant.
Je vais être honnête : je voulais aimer ce livre. Je l’ai attendu avec impatience, et il reste un bel objet. Mais en ce qui concerne le contenu, c’est une grosse déception. Il manque de profondeur, de détails, de ce petit supplément d’âme qui fait qu’un jeu de rôle devient inoubliable. On a l’impression qu’il aurait dû faire 400 pages et qu’on a eu une version amputée. Est-ce un problème de droits ou de choix éditorial ? Mystère.
Et pour la suite ?
Et bien malgré cette clim insoutenable déployée par Free League (sachant qu’à l’heure où j’écris cet article, il fait moins 8 degrés donc ce n’était pas nécessaire), je reste plutôt confiant sur la gamme Blade Runner. Est-ce que j’en attends un jeu de rôle ou je vais pouvoir faire jouer une campagne très longue à mes joueurs ? Non.
J’en attends surtout des boites du niveau de la première. J’ai hâte que « Fiery Angels » qui s’annonce excellent et encore une fois pleine de contenu.

Retrouvez ce JDR chez notre Partenaire Maxi Rêves